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Appel à communications – Séminaire « Goût : actualités et construction historique »

©jimzo, 2022

Appel à communications – Séminaire « Goût : actualités et construction historique »

Membres du projet Junior Gouach’ :

Léa Burgat-Charvillon (ENS de Lyon – IHRIM)

Cassandre Heyraud (Université Jean Moulin Lyon 3 – IHRIM)

Clémence Jaime (Université Jean Moulin Lyon 3 – IHRIM)

Maëlle Porcheron (Université Jean Moulin Lyon 3 – Ens de Lyon CERCC)

Ce sémi­naire inter­dis­ci­pli­naire, envi­sagé sur deux ans, à raison d’une séance par tri­mes­tre, est porté par le Projet Junior GOUACH’ (GOÛt : Actualités et Construction Historique) rat­ta­ché à l’Université Jean Moulin Lyon 3. En pre­nant pour objet le terme de goût dans sa richesse et sa com­plexité séman­ti­ques, il entend explo­rer les mul­ti­ples enjeux qu’il sou­lève, en syn­chro­nie comme en dia­chro­nie.

D’après le Trésor de la Langue fran­çaise [1], le sens pre­mier du goût est phy­sio­lo­gi­que et ren­voie à une faculté sen­si­tive :

« I. Sens de la sapi­dité. »

-  « Un des cinq sens grâce auquel hommes ou ani­maux ont la faculté de per­ce­voir les saveurs. »

-  « P. méton. La saveur elle-même. »

-  « Par synes­thé­sie. Odeur. » Un sens figuré inter­vient ensuite, et dési­gne la capa­cité à dis­cer­ner en géné­ral, et à dis­cer­ner le beau en par­ti­cu­lier : « II. Au fig. Faculté psy­chi­que de dis­cer­ne­ment ana­lo­gue au sens du goût. »

-  « Sentiment du beau, habi­tude du beau ou de ce qui est consi­déré comme tel. »

« P. méton. Le juge­ment en lui-même et, p. ext. l’ensem­ble des habi­tu­des et des éléments esthé­ti­ques ou intel­lec­tuels choi­sis et cons­ti­tuant la mode de l’époque. »

Le terme est donc aujourd’hui poly­sé­mi­que. Il super­pose et lie – par des rela­tions d’ana­lo­gie, de méto­ny­mie, ou de synes­thé­sie – une com­po­sante phy­sio­lo­gi­que à des enjeux esthé­ti­ques et moraux, dont de mul­ti­ples études ont montré qu’ils étaient his­to­ri­que­ment cons­truits et socia­le­ment situés. Le goût est alors uti­lisé dans des contex­tes dis­cur­sifs variés, qui en ont fait un objet de dis­cours pour dif­fé­ren­tes dis­ci­pli­nes aca­dé­mi­ques : la lit­té­ra­ture, l’his­toire de l’art, la phi­lo­so­phie, la socio­lo­gie, l’his­toire ou encore la psy­cho­lo­gie l’étudient depuis des pers­pec­ti­ves dis­tinc­tes et com­plé­men­tai­res. L’objec­tif géné­ral du sémi­naire est de tenter de rendre compte de l’évolution his­to­ri­que du concept de goût et des enjeux de sa mobi­li­sa­tion dans les dif­fé­rents champs qui y recou­rent actuel­le­ment. Pour ce faire, nous pro­po­sons de pren­dre pour point de départ la diver­sité de contex­tes dis­cur­sifs dans les­quels il est et a pu être mobi­lisé et d’iden­ti­fier, par des études syn­chro­ni­ques pré­ci­ses ou des par­cours his­to­ri­ques plus larges, les pro­ces­sus de glis­se­ments séman­ti­ques et les inte­rac­tions entre ces dif­fé­rents domai­nes.

Les pro­po­si­tions de com­mu­ni­ca­tion pour­ront s’ins­crire dans l’un ou plu­sieurs des axes sui­vants (la liste est non exhaus­tive).

1. Le goût, le gus­ta­tif : du sens phy­si­que au juge­ment esthé­ti­que et moral. Viktoria von Hoffmann, en se concen­trant sur le goût en tant que sens phy­sio­lo­gi­que [2], a montré com­ment il s’est retrouvé au cœur de débats essen­tiels sur les rap­ports entre le corps et l’esprit, ou la Nature et la Culture. En repar­tant de l’ori­gine phy­sio­lo­gi­que du terme, elle pose ainsi les jalons d’une étude abor­dant le concept dans sa plu­ra­lité d’usages et d’enjeux, dans des contex­tes dis­cur­sifs et sociaux variés. L’ouvrage col­lec­tif dirigé par Odile Redon, Line Sallmann et Sylvie Steinberg [3] avait fait du goût une porte d’entrée de choix vers une « autre his­toire », long­temps négli­gée, mais qui mérite d’être explo­rée. L’étude du goût s’ins­crit par ailleurs dans les Food stu­dies, qui étudient le fait ali­men­taire comme un objet reflé­tant les évolutions et les inte­rac­tions de nos socié­tés, au car­re­four de nom­breu­ses dis­ci­pli­nes telles que, entre autres, la méde­cine, la socio­lo­gie, l’his­toire, la géo­gra­phie ou le droit [4]. C’est dire com­bien le goût, en tant que sens asso­cié à l’ali­men­taire, est révé­la­teur d’une manière d’être au monde et de se le repré­sen­ter.

Pourtant, le sens du goût a long­temps été dépré­cié car consi­déré comme « gros­sier », « animal », ou « maté­riel ». Là où la vue pou­vait être asso­ciée à une forme d’élévation et de spi­ri­tua­lité, l’ancrage phy­sio­lo­gi­que du goût le pla­çait au bas de la hié­rar­chie des sens, comme le rap­pelle Viktoria Von Hoffman [5]. Mais, au début de l’époque moderne, il devient dans son sens figuré asso­cié à un juge­ment sûr, qui en fait un mar­queur de la qua­lité sociale. Comment appré­hen­der cette diver­gence ? Une piste à explo­rer est celle du pas­sage d’un sens phy­sio­lo­gi­que dépré­cié au début de l’époque moderne à la nais­sance d’une culture de la gas­tro­no­mie valo­ri­sée au XIXe siècle. Le sens figu­ra­tif du goût a-t-il pu, dans une cer­taine mesure, rayon­ner sur son accep­tion phy­sio­lo­gi­que et contri­buer à le reva­lo­ri­ser ? Erech R. Koch note à ce propos qu’au moment où le goût figu­ra­tif com­mence à se déve­lop­per, « on cons­tate simul­ta­né­ment un rayon­ne­ment extra­or­di­naire de livres de cui­sine et de dis­cours sur les plai­sirs sen­suels, agréa­bles, ali­men­tai­res, les­quels sem­blent suivre un iti­né­raire paral­lèle à celui du goût figu­ra­tif et don­nent lieu, signi­fi­ca­ti­ve­ment, à la même espèce de débat vigou­reux sur les normes [6] ». Il faudra aussi se deman­der si la remo­bi­li­sa­tion du sens pre­mier, phy­sio­lo­gi­que, du terme, n’a pas pu être uti­li­sée, dans cer­tains contex­tes, pour natu­ra­li­ser, en la fon­dant sur des dif­fé­ren­ces phy­si­ques, une hié­rar­chie sociale et esthé­ti­que selon laquelle cer­tai­nes per­son­nes seraient exclues des sphè­res du « bon goût ».

Suzanne Simha remar­que par ailleurs que le dis­cours esthé­ti­que depuis Kant et Hegel se dis­tin­gue par « l’aban­don (ou le quasi-aban­don) du plai­sir comme cri­tère, comme condi­tion, ou comme prin­cipe d’évaluation esthé­ti­que, dans le domaine de l’art non culi­naire [7] ». Ainsi s’opère un glis­se­ment : le juge­ment de goût ne se pense plus dans ce cadre par ana­lo­gie avec le sens de la sapi­dité, mais contre lui, et en par­ti­cu­lier contre toute forme de jouis­sance gus­ta­tive. Pour Adorno, « l’expé­rience esthé­ti­que n’est auto­nome que lorsqu’elle se débar­rasse du goût culi­naire [8] » ; c’est aussi à la méta­phore de « l’art culi­naire [9] » que Jauss recourt pour oppo­ser l’œuvre véri­ta­ble au « simple diver­tis­se­ment ». Dès lors qu’il est évoqué comme un contre-modèle de l’expé­rience esthé­ti­que, le goût phy­sio­lo­gi­que signale ainsi une double rup­ture : avec le domaine sen­so­riel – parce que c’est l’esprit que l’art doit tou­cher [10] – et avec le plai­sir, dont le sub­jec­ti­visme ramène l’œuvre à un banal objet de jouis­sance : un agré­ment ou un diver­tis­se­ment. L’his­toire du concept de goût relève donc de jeux com­plexes d’ana­lo­gies et de dis­tinc­tions entre faculté sen­so­rielle et spi­ri­tuelle : l’assi­mi­la­tion de l’une à l’autre fait figure tantôt de valo­ri­sa­tion, tantôt de dis­cré­dit. Un volet de com­mu­ni­ca­tions pourra être consa­cré à l’explo­ra­tion de ces dif­fé­rents rap­ports, invi­tant à repen­ser et explo­rer les liens entre sens phy­sio­lo­gi­que et juge­ment esthé­ti­que voire moral.

2. Construction du « bon goût », pers­pec­ti­ves his­to­ri­ques.

Une autre série d’inter­ven­tions pour­rait inter­ro­ger la cons­truc­tion his­to­ri­que du concept de goût comme caté­go­rie esthé­ti­que. Comme l’a montré Jean-Pierre Dens [11], c’est au XVIIe siècle que le terme de « goût », en fran­çais, com­mence à être lar­ge­ment employé au sens figuré, où il sug­gère « l’idée d’un juge­ment cri­ti­que » mais sans s’élever « au niveau d’un concept esthé­ti­que ». À partir de 1660 les salons font néan­moins du « goût » un objet de dis­cours et de débats, lors des­quels on dis­tin­gue le « goût » de l’« esprit », ou encore des « réflexions », et on s’efforce de défi­nir un « bon goût ». Méré le carac­té­rise dans une Conversation de 1668 comme la faculté de « bien juger de tout ce qui se pré­sente, par je ne sais quel sen­ti­ment qui va plus vite, et quel­que­fois plus droit que les réflexions [12] ». La fonc­tion du bon goût est désor­mais de juger, de tran­cher, et ainsi de faire des choix fondés sur des hié­rar­chies. Le goût appa­raît alors comme un mode de connais­sance alter­na­tif, et ainsi comme un moyen pour le public mon­dain des « hon­nê­tes gens » de légi­ti­mer un dis­cours cri­ti­que qui ne s’appuie plus uni­que­ment sur les règles dis­cu­tées par les doctes, mais sur des valeurs plus sou­ples et sub­jec­ti­ves. Des cours ita­lien­nes puis fran­çai­ses du XVIe siècle aux salons des XVIIe et XVIIIe siè­cles [13], la notion se cons­truit ainsi au début de l’époque moderne, alors que la confor­mité avec le « goût » d’une élite sociale devient pro­gres­si­ve­ment un cri­tère d’évaluation de la qua­lité de la langue et du style. La défi­ni­tion du bon goût devient un pro­blème lit­té­raire et artis­ti­que, remis en jeu lors de que­rel­les suc­ces­si­ves. Le bon goût, comme le mau­vais goût [14], en tant que facultés de dis­cer­ne­ment, sont donc riches d’une his­toire dont se sont saisis les his­to­riens de la lit­té­ra­ture et de la phi­lo­so­phie, puis les his­to­riens du sen­si­ble, et qui reste encore lar­ge­ment à explo­rer.

3. Le juge­ment de goût, entre aspi­ra­tion à l’uni­ver­sel et cons­truc­tion col­lec­tive.

Compris comme faculté esthé­ti­que, le concept de goût a ainsi un trajet his­to­ri­que para­doxal et sa défi­ni­tion est ambi­va­lente. Pensé par ana­lo­gie à une faculté sen­so­rielle qui est depuis Kant sou­vent consi­dé­rée comme éminemment sub­jec­tive et dési­gnant dans cette opti­que l’apti­tude d’un indi­vidu à iden­ti­fier ce qui lui plaît, il ren­voie aussi au contraire à une faculté de juge­ment de ce qui est beau. Il est alors asso­cié à l’objec­ti­vité à tra­vers le consen­sus sur les objets dignes d’admi­ra­tion : avoir bon goût, c’est reconnaî­tre le beau, autre­ment dit pré­sup­po­ser son exis­tence indé­pen­dam­ment de l’avis de l’obser­va­teur. La notion de goût peut donc dési­gner deux atti­tu­des esthé­ti­ques anti­no­mi­ques : celle qui part de l’appré­cia­tion per­son­nelle du sujet et celle qui entend s’en abs­traire. La socio­lo­gie s’est démar­quée de l’aspi­ra­tion à l’uni­ver­sa­lisme esthé­ti­que, esti­mant que cette tra­di­tion cri­ti­que ris­quait de mas­quer les dyna­mi­ques socia­les qui opè­rent dans la sélec­tion des objets dignes d’être consi­dé­rés comme des œuvres : le juge­ment de goût ne serait donc ni indi­vi­duel ni uni­ver­sel, mais col­lec­tif. S’oppo­sant à la vision kan­tienne qui sépare le sen­suel, l’agréa­ble, du beau uni­ver­sel issu d’une expé­rience pure et intel­lec­tua­li­sée, Bourdieu resi­tue socia­le­ment le concept de goût, en le liant à l’habi­tus [15]. Le goût, qui ici n’est plus entendu comme faculté phy­sio­lo­gi­que ni comme faculté innée et indé­fi­nis­sa­ble de dis­cer­ne­ment esthé­ti­que, dési­gne alors les qua­li­fi­ca­tions atten­dues dans une société donnée ou une situa­tion sociale. Il devient un concept socio­lo­gi­que dans la mesure où il « crée des liens spé­ci­fi­ques d’affi­lia­tions, de fra­ter­ni­tés, de dif­fé­ren­cia­tions, de confron­ta­tions, et de hié­rar­chi­sa­tion entre grou­pes [16] ». S’iden­ti­fier à un goût, le reven­di­quer, est alors une manière de s’inté­grer ou de s’oppo­ser à un groupe social. Compris comme une dis­tinc­tion socia­le­ment cons­truite entre ce qui plaît et ce qui déplaît, ce concept met fina­le­ment en pers­pec­tive l’étude de la lit­té­ra­ture et des arts, qui appa­rais­sent comme des pra­ti­ques cultu­rel­les com­pa­ra­bles à d’autres ; les méca­nis­mes sociaux impli­qués dans les goûts artis­ti­ques ne sont par exem­ple peut-être pas étrangers à ceux rela­tifs aux goûts culi­nai­res [17]. L’étude du goût met donc au jour une hié­rar­chi­sa­tion des pra­ti­ques cultu­rel­les et permet de la situer his­to­ri­que­ment et de l’inter­ro­ger. On pourra dès lors réflé­chir, entre autres, aux liens entre indi­vi­duel, col­lec­tif et uni­ver­sel dans la cons­truc­tion du goût.

4. Le goût, de la des­crip­tion à la nor­ma­ti­vité.

Les dif­fé­rents axes pré­sen­tés ci-dessus le sou­li­gnent : le goût est une notion com­plexe, qui, dans toutes ses accep­tions, inter­roge une norme, qu’elle soit culi­naire, esthé­ti­que, morale ou sociale. Le « bon goût », lorsqu’il se cons­truit, reflète les valeurs d’une classe sociale aris­to­cra­ti­que, qui l’asso­cie à la déli­ca­tesse et au natu­rel, c’est-à-dire aux valeurs qu’elle dif­fuse. Le « bon goût » devient alors « emblème et point de ral­lie­ment de l’hon­nête homme », mar­queur d’une appar­te­nance sociale [18]. Michael Moriarty a montré que le goût fait ainsi appa­raî­tre « un dis­cer­ne­ment du "bien" et du "mal" dans divers domai­nes sociaux [19] ». À cet égard, une étude de la for­ma­tion du concept permet de mettre en évidence la manière dont il est encore aujourd’hui por­teur d’enjeux de dis­tinc­tion sociale. D’un point de vue métho­do­lo­gi­que enfin, on s’inter­ro­gera sur les usages contem­po­rains de la notion par la cri­ti­que. Quarante ans après La Distinction et de nom­breu­ses études socio­lo­gi­ques ayant tra­vaillé sur la for­ma­tion des goûts, qui ont décons­truit l’idée d’un « bon goût » uni­ver­sel et inné, le recours au « goût » ou au « bon goût » est-il encore pra­ti­qué, dans cer­tains contex­tes dis­cur­sifs, pour jus­ti­fier une norme ? Peut-il alors être un concept encore opé­ra­toire pour penser les normes et canons actuels ? Et si oui, sous quelle forme ? On pourra en par­ti­cu­lier s’inter­ro­ger ici sur les formes d’art qui s’élaborent contre la norme du (bon) goût, telles que les pos­tu­res avant-gar­dis­tes [20] ou la culture trash [21].

5. « Donner le goût du livre et de la lec­ture [22] » : vita­lité d’un terme en didac­ti­que.

Par un dépla­ce­ment méta­pho­ri­que, la didac­ti­que s’est également empa­rée de la notion de goût, en pre­nant goût au sens de pen­chant voire, à l’instar de Sylvie Ouellet [23], de plai­sir qui peut être guidé et cultivé. Il est alors pos­si­ble d’agir sur le goût, c’est-à-dire sur les moti­va­tions de l’indi­vidu et la façon dont il consi­dère tel ou tel objet et s’engage dans son étude. Ce glis­se­ment séman­ti­que vient alors inter­ro­ger la rela­tion, peut-être fan­tas­mée, que devrait entre­te­nir un lec­teur avec son livre, ou bien un élève avec les connais­san­ces d’une matière : il fau­drait savou­rer ce que l’on étudie pour bien le connaî­tre. Selon les pers­pec­ti­ves didac­ti­ques contem­po­rai­nes il s’agit de « revi­ta­li­ser la rela­tion des élèves au livre [24] », de réta­blir un lien tan­gi­ble entre les indi­vi­dus et un objet d’appren­tis­sage. Le plai­sir pris à l’appren­tis­sage et à la lec­ture devrait alors être ana­lo­gue au plai­sir ali­men­taire, et pres­que deve­nir un besoin vital. De plus, l’école peut se voir comme le lieu de trans­mis­sion, d’acqui­si­tion d’un goût mul­ti­forme, lié au livre et au savoir, mais aussi au goût dans son sens pre­mier, sen­so­riel. Ces uti­li­sa­tions du concept de goût dans le champ didac­ti­que inter­ro­gent, puis­que s’il semble qu’un emploi des­crip­tif et rela­tif du goût soit visé, cher­cher à déve­lop­per le goût d’un objet chez un indi­vidu ou un groupe d’indi­vi­dus peut aussi reve­nir à impo­ser une nou­velle norme, qui établirait, pour la lit­té­ra­ture notam­ment, ce qui relè­ve­rait de la lit­té­ra­ture de bon goût, par oppo­si­tion à des lec­tu­res de mau­vais goût. Il paraît alors fécond de conti­nuer à inter­ro­ger le rap­port entre goût et nor­ma­ti­vité, de la for­ma­tion de ce concept à ses emplois actuels.

Modalités pra­ti­ques.

Les pro­po­si­tions de contri­bu­tion, d’une lon­gueur de 500 mots maxi­mum et accom­pa­gnées d’une courte bio­bi­blio­gra­phie, sont à envoyer pour le 31 mai 2024 à l’adresse : pro­jet­goua­ch@g­mail.com Les répon­ses seront don­nées avant le 15 juin 2024, pour un début de sémi­naire à la ren­trée 2025. Une prise en charge par­tielle des frais de dépla­ce­ment sera pos­si­ble. Une publi­ca­tion des inter­ven­tions pourra être envi­sa­gée.

[1] « Goût », TLFi : Trésor de la langue Française infor­ma­tisé, http://www.atilf.fr/tlfi, ATILF – CNRS & Université de Lorraine.

[2] Viktoria von Hoffmann, Goûter le monde. Une his­toire cultu­relle du goût à l’époque moderne, Bruxelles, Peter Lang, 2013.

[3] Odile Redon, Line Sallmann et Sylvie Steinberg (dir.), Le désir et le goût. Une autre his­toire (XIIIe-XVIIIe siè­cles), Saint-Denis, PUV, 2005.

[4] Janet Chrzan et John A. Brett (dir.), Food culture : anthro­po­logy, lin­guis­tics and food stu­dies, New York, Berghahn, 2017.

[5] Viktoria von Hoffmann, op. cit.

[6] Erech R. Koch, « La pra­ti­que du goût : de Pierre Bourdieu à Antoine Courtin », Dix-sep­tième siècle, 2013, n°258, vol. 1, p. 45-54. La cita­tion se trouve p. 48.

[7] Suzanne Simha, Du Goût. De Montesquieu à Brillat-Savarin. De l’esthé­ti­que galante à l’esthé­ti­que gour­mande, Paris, Hermann, « Hermann phi­lo­so­phie », 2012, p. 43.

[8] Theodor W. Adorno, Théorie esthé­ti­que, tra­duit de l’alle­mand par Marc Jimenez et Éliane Kaufholz, Paris, Klincksieck, 1989, p. 26 (cité par S. Simha, op. cit., p. 7).

[9] Hans R. Jauss, Pour une esthé­ti­que de la récep­tion, tra­duit de l’alle­mand par Claude Maillard, Paris, Gallimard, « Bibliothèque des idées », 1978, p. 53

[10] Suzanne Simha, op. cit., p. 51.

[11] Jean-Pierre Dens, « La notion de “bon goût” au XVIIe siècle : his­to­ri­que et défi­ni­tion », Revue belge de Philologie et d’his­toire, 1975, n°53, p. 726-729.

[12] Chevalier de Méré, Œuvres com­plè­tes, éd. Charles-Henri Boudhors, Paris, Les Belles Lettres, 1930, I, p. 55.

[13] Rémy Gilbert Saisselin, Taste in Eighteenth Century France, Syracuse, Syracuse University Press, 1965.

[14] Carine Barbafieri, Anatomie du « mau­vais goût »(1628-1730), Paris, Classiques Garnier, 2021.

[15] Pierre Bourdieu, La Distinction : cri­ti­que sociale du juge­ment, Paris, Éditions de minuit, 1979.

[16] Véronique Nahoum-Grappe et Odile Vincent (dir.), Le Goût des belles choses : Ethnologie de la rela­tion esthé­ti­que, Paris, Éditions de la Maison des scien­ces de l’homme, 2016, avant-propos, p. 6.

[17] Sylvie Tissot, « "Anything but Soul Food". Goûts et dégoûts ali­men­tai­res chez les habi­tants d’un quar­tier gen­tri­fié », in Philippe Coulangeon (éd.), Trente ans après La Distinction, de Pierre Bourdieu, Paris, La Découverte, « Recherches », 2013, p. 141-152 (voir p. 141).

[18] Jean-Pierre Dens, L’Honnête Homme et la cri­ti­que du goût : esthé­ti­que et société au XVIIe siècle, Lexington, KY, French Forum, 1981, p. 89. [19] Michael Moriarty, Taste and Ideology in Seventeenth-Century France, Cambridge, Cambridge University Press, 1988, p. 82 et 55. [20] Florence Dumora-Mabille, « Goût », in Paul Aron, Denis Saint-Jacques et Alain Viala (dir.), Le Dictionnaire du lit­té­raire (troi­sième édition), Paris, Quadrige / Presses Universitaires de France, « Dicos poche », 2010, p. 326.

[21] Fabien Granjon, « Culture trash », in Publictionnaire. Dictionnaire ency­clo­pé­di­que et cri­ti­que des publics, mis en ligne le 23 août 2021, der­nière modi­fi­ca­tion le 24 août 2021. URL : https://public­tion­naire.huma-num.fr....

[22] Voir https://edus­col.edu­ca­tion.fr/576/le....

[23] Sylvie Ouellet, Soutenir le goût de l’école : Le plai­sir d’appren­dre ensem­ble, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2018.

[24] Objectifs indi­qués sur le site Éduscol, du minis­tère de l’Éducation natio­nale, cité ci-dessus, qui met à dis­po­si­tion des res­sour­ces à des­ti­na­tion des ensei­gnants, et indi­que des objec­tifs péda­go­gi­ques portés par l’école.